Elle se sentit entrainer vers l’arrière et elle vécu avec un plaisir asphyxiant une chute, la tête tourné vers le ciel, contemplant l’azur éclatant. Et le temps reprit son cours, Pikadon chuta et bien entrainé, se rattrapa sur le bras gauche et leva le bras droit en garde.
Un sourire éclaircit son visage et elle dit : « Celui qui tenterait de me donner un coup de pied, il me serait facile de le faire chuter à son tour et de tenter une clé de bras ou de jambe. » Elle força sur son bras et d’un bon, elle était de nouveau debout. « Mais ça, vous l’apprendrez sans doute plus tard. »
Elle frotta ses paumes l’une conte l’autre pour en faire partir la terre, avec un air joyeux et un sourire enfantin. C’était le premier cours qu’elle donnait et c’était plaisant. Au bien sûr, elle avait de temps en temps aidé quelques ninjas de rang inférieur mais ce n’étaient pas des novices, il s’agissait la plus part du temps de confirmés, parfois même quelques experts. Ils ne travaillaient donc pas les bases mais des « situations d’attaques » où Pikadon jouait un ennemi, avec le même genre de raisonnement que quelqu’un qui chercherait à tuer son adversaire.
Il y avait beaucoup de frissons la dedans et elle aimait ça énormément, notamment parce qu’un bon combat de temps en temps était un excitant et un revigorant très fort pour elle. Mais donner des cours à des novices, partir des bases, en plus de flatter son égo, faisait ressurgir en elle ses envies d’enfant d’enseigner. Ses parents riraient jaunes sans doute s’ils apprenaient que leur fille qui un temps avait voulu être institutrice apprenait à des enfants, car ils n’étaient pas plus que cela, à tuer. Au final, « elle avait réussi à faire ce qu’elle voulait ».
En tout cas, elle trouvait ça drôle.
Mais elle avait un sens de l’humour assez spécial.
Quand elle reprit conscience du monde réel, elle remarqua directement l’ambiance glauque qui s’était installée dans la forêt. Les adolescents avaient quelque chose en tête, des pensées mauvaises, ça se ressentait dans le temps, c’était quelque chose d’étrange.
Elle les regarda, un par un, doucement, les yeux vaguement sombre et un sourire de bêtes fauves, encore plus que tout à l’heure, s’étala sur ses joues.
« La pratique serait amusante mais l’heure appelle l’héroïne et comme dirait le proverbe, après l’heure, c’est plus l’heure. »
Elle se retourna, marcha vers ses affaires et réenfila chaussettes et chaussures. Elle leur jeta un dernier regard en mettant sa serviette carmine sur son cou : « Il y a un professeur de taïjutsu, si vous voulez en apprendre plus. »
En guise de salutation, elle n’eut qu’un vague signe de tête, une courbette encore moins basse que celle qu’elle avait faite pour se présenter.
Et Pikadon, tâche rouge trop visible, disparu dans la forêt sombre.