[Initiation] Au chevet d'une nouvelle arrivée

Assise comme à son habitude droite comme un i sur une des chaises de l'infirmerie, Morgana tenait sur ses genoux un livre sur le kajutsu qu'elle lisait sérieusement (comme tout ce qu'elle faisait d'ailleurs), glissant de temps en temps des regards en biais vers le lit situé à côté de sa chaise, et où dormait encore la nouvelle arrivée.
Elle n'avait pas choisi d'être ici. Les remontrances de Samuel l'autre jour avaient touché sa corde sensible et elle avait reprit un entraînement bien plus intensif que tout ce qu'elle avait pu entreprendre jusque là, simplement, il y avait Ogata. Elle avait été dérangée le matin même aux aurores par la sonnerie de son pager, alors même qu'elle finissait ses étirements matinaux : Le maître lui ordonnait de se rendre à l'infirmerie et de veiller sur la personne qu'elle y trouverait jusqu'à ce qu'elle soit remise et en état de faire un choix concernant le dojo.
Alors elle était venue, elle avait vu, mais pour le moment n'avait pas vaincu l'étrange sentiment qui montait en elle à chaque fois qu'elle regardait le visage d'Anku. Qui était cette fille ? Pourquoi le Maître lui avait-il ordonné à elle en particulier de prendre soin d'elle ? Les questions allaient et venaient comme des éphémères, qu'elle tentait de balayer au loin d'un revers de main imaginaire qui la ramenait à son livre.

(Privé : Anku)

Il faisait beau en cette fin de matinée. Le soleil se déversait dans l'infirmerie et la rendait moins désagréable que ce qu'elle représentait. Un lieu pour malades, bléssés, ou pire. C'est dans ce cadre que se réveilla Anku, une douleur a la tète. Comme si on frappait avec un coup de marteau sur celle ci. En portant la main a sa tète elle se rendit compte du bandage qui entourait le point sensible de la douleur et soupira. Elle ouvrit les yeux, d'abord elle vit le plafond, rien a redire. Puis vit le lit dans lequel elle était et regarda incrédule les couvertures. Puis elle observa la pièce alentour.

* Un hopital, non. Une infirmerie... comment je suis arrivée la moi.*

Puis elle se rendit compte de la présence d'une autre vie dans la salle. Ce qui lui fit faire un faux mouvement qui reveilla une douleur plus proche de l'aiguille que du marteau dans sa tète. Elle regarda la fille présente en face d'elle et lui demanda:

" Je suis ou ici? Comment je suis arrivée la? Qui ètes vous? "

Morgana ramena doucement son visage vers celui d'Anku. Etrangement, et bien que ça soit contraire à la rigueur qu'elle s'imposait, à plus forte raison depuis "l'incident" des cuisines, elle ne sentait pas le besoin de se tenir sur ses gardes devant cette jeune fille. Reposant son livre sur la table de chevet d'un geste lent, elle décala sa chaise pour faire face à Anku. Son visage était ferme, mais ne montrait aucune dureté, laissant à ses yeux une expression protectrice mêlant douceur et force, rappelant celle que le Maître pouvait arborer parfois quand il accueillait des enfants perdus, expression qu'encore une fois, bien peu d'enfants de son âge pouvaient avoir.
Elle remit une mèche rebelle en place derrière son oreille et planta son regard à l'expression si singulière dans celui d'Anku.

-Où vous êtes, vous avez déjà du vous en rendre compte : Dans une infirmerie.Je ne peux pas en dire plus sur cela, pour le moment du moins.

Elle s'autorisa un léger sourire. Presque une réplique de celui du Maître, encore une fois, par un mimétisme bien compréhensible pour qui connaissait l'admiration sans borne que Morgana lui portait.

-Comment vous êtes arrivée là nous le verrons ensemble après que vous m'ayez expliqué ce dont vous vous rappellez. Quant à moi, je me nomme Morgana Aiden, et je suis chargée de m'occuper de vous jusqu'à ce que vous vous remettiez.

Anku haussa un sourcil avant de froncer très légerement les sourcils. Une mauvaise habitude quel avait quand elle était en colère ou concentrée, qui rendait son regard étrange et inquiétant bien malgré elle. Elle soupira avant de se laisser aller en arrière sur son oreiller. Cette fille ne lui paraissait pas agressive, s'était deja ca. Et elle parlait bizarement, posément et vraiment pas clairement.

- " Je me rappelle que..."

Elle laissa sa phrase en suspens et son visage passa d'étonné a un rictus de colère. Sa main se crispa a en blanchir ses jointures sur le rebord du lit.L'intensité de l'expréssion que le visage d'Anku portait était véritablement explicite et on pouvait presque imaginer ce qu'elle ferait si elle avait ses détracteurs sous la main.

- " ...Qu'ils ont voulus profiter de moi ces salops! "

Doucement, sa main se posa sur celle d'Anku dans un mouvement qui se voulait rassurant, voir chaleureux. Son visage gardait la même expression, mais derrière ses yeux les rouages tournaient. Si Ogata n'était pas lui-même présent au chevet de la nouvelle arrivée, cela devait vouloir dire que rien n'était arrivé.

-Du calme. Vous êtes en sécurité ici.

Elle comprenait maintenant pourquoi le Maître l'avait envoyée elle. Mais Morgana était incapable de décider si elle devait lui en vouloir ou le remercier pour ça. Mais de toute façon, Ogata a toujours raison. Donc il avait forcément fait le bon choix en l'envoyant au chevet de cette fille. Fille dont elle ne connaissait toujours pas l'identité d'ailleurs.

-Comment vous appellez-vous ?

Le regard d'Anku réagit vivement et elle focalisa son attention sur la main. Avant de se détendre ce qui fut visible, elle expira et ses épaules se décrispèrent. Pour ne pas ètre en position d'infèrioritée, et pour pouvoir réagir plus vivement Anku s'assied dans son lit et se mainteint droite avant de répondre. Il y eut un léger moment de silence le temps de réintégrer ses repères.

- " Anku, je suis Anku. Et vous? "

Anku semblait plus calme maintenant. Son regard s'était adouci. Sous la main de Morganna les muscles de la jeune femme se détendirent. Anku garda un visage neutre en interogeant son hôte.

* Qui est elle? Elle m'intrigue. En sécuritée? C'est a moi d'en décider.*

Dans la tête de Morgana, un ballet de pensées allait et venait à une vitesse folle. Elle voyait par spasmes de quelques secondes se superposer à l'image d'Anku celle d'elle-même lors de son arrivée au dojo. Sentant les muscles se détendre sous sa main mais l'atmosphère l'entourant ne pas subir beaucoup de changement, elle comprit bien vite que la nouvelle arrivée n'était pas bien convaincue de sa sécurité en de tels lieux. Logique après ce qui lui était arrivé et une telle entrée en matière. Morgie ôta sa main de celle d'Anku après l'avoir brièvement serrée avec douceur pour la reposer proprement sur ses propres genoux. Assise ainsi on aurait dit une élève modèle essayant de bien se tenir pour attirer sur elle les bonnes grâces de la maîtresse d'école. Elle se permit un sourire un peu plus "naturel" en entendant la question de son interlocutrice.

-Je vous ai déjà répondu, je me nomme Morgana Aiden et je suis chargée de m'occuper de vous. Pour plus de précisions, je peux vous dire que je suis une résidente de ce bâtiment et que vous en découvrirez bien vite les fonctions. Mais auparavant...

Elle fut coupée dans son élan par l'arrivée de l'infirmière, lèvres serrées et yeux plissés, qui déposa sèchement un plateau de petit déjeuner occidental sur la table de nuit aux côtés du lit d'Anku puis tourna les talons après avoir jeté un regard assassin à Morgana. Pourquoi donc ? Probablement parce qu'elle n'avait pas apprécié qu'Ogata lui impose la présence de Morgana, mais bon, chercher à la comprendre était du domaine des sciences occultes.
Une fois ce court intermède passé, Morgana regarda Anku d'un œil qui signifiait "faut pas chercher" puis reprit sa phrase

-Auparavant il serait bon que vous repreniez quelques forces.

La main de Morganna s'était retirée, Anku inspira légèrement et expira pour détendre tout son corps. Elle était crispée et au fond d'elle elle était inquiète. Malgré toute les bonnes paroles de son hote.
Quand l'infirmière arriva tout ses efforts pour se détendre furent réduits a néant. Elle l'avait surprise et cela avait eu pour effet de crisper un peu plus Anku. Le regard qu'elle se lancèrent donna a Anku l'impression de deux chats se disputant un territoire, mais en personnes civilisées elles ne se parlèrent pas. Morganna semblait ne pas comprendre pourquoi cette animosité mais acceptait ceci avec calme. Anku respira de nouveau et se détendit. Elle avait a peine remarqué le plateau lorsque Morganna le lui signala et elle aquiessa.

- " Vous avez raison, j'ai faim. Mais pourquoi un plateau occidental? C'est éxtrement riche comme nourriture?"

Son demi sourire resta sur son visage pendant qu'elle écoutait la question d'Anku et y répondait.

-Je suppose que la richesse de la nourriture occidentales constitue en elle-même un argument pour la servir aux malades ? A dire vrai je dois avouer que je n'ai jamais compris pourquoi Fuchou-san prépare ou fait préparer systématiquement des plats et menus européens pour les patients de l'infirmerie. Peut-être est-ce simplement son goût personnel ?

Morgana détailla du regard le plateau, constitué d'un chocolat chaud, de deux croissants, d'un verre de jus d'orange et d'une pomme, le tout ayant des proportions plutôt généreuses bien que mangeables par un grand appétit. La jeune fille détourna le regard pour éviter une nausée. Elle avait pour habitude le matin de ne manger qu'un très bref en-cas japonais après son entraînement et l'odeur riche (bien qu'alléchante) du chocolat lui remontait directement aux naseaux.
Voulant éviter une remarque sur ce comportement de la part de la jeune fille, Morgana embraya rapidement la discution.
-Une fois que vous aurez mangé je vous ferrai visiter les lieux si vous êtes en état et que l'infirmière n'y voit pas d'inconvénients

Anku eut un petit sourire a la réaction de Morgana. Elle la comprenait, cette nourriture bien qu'en part disproportionées était pour le moins alléchante. Elle écarta un des croissant et commença a manger l'autre. Puis vint la perspective de sortir de ce lit et de visiter l'éxtèrieur de cette pièce hait des artistes martiaux. En effet, elle n'était intervenue dans sa vie qu'a des moments douloureux et lui laissait des souvenirs d'un ennui mortel a chaque fois.

" - Oui, oui! Volontiers, il faut que je bouge! J'en ait des fourmis dans les jambes rien qu'a rester la! Enfin... Elle se ressaisit et repris son calme. Oui, volontier. "