[X][Mission] Les femmes ont plus de fierté que les hommes.

Début de Soirée,

A la sortie d'une station de train, Boris ne passait pas inaperçu. Il était bien plus grand que la majorité des hommes de la foule qui sortait et entrait dans la gare et il était aussi plus large que deux japonais mis côte à côte. C'était d'ailleurs tout à fait le "slave" comme on peut se l'imaginer, avec des cheveux blonds coupés courts et des yeux bleus. Sauf que sa tête, portée sur un cou de taureau, n'avait rien de charmante, elle avait plus l'air de celle d'un tueur. Ce qu'il était, après tout.

En tapant du pied, il attendait.

Boris le fixa un bon moment, l'air surpris. Sans doute s'était-il attendu à un adulte. Quand enfin il prit la parole, il buta sur les mots: "Ko-Kokoro no Hak-a?" Le moins qu'on pouvait dire, c'est qu'il avait un fort accent. Quand il eut enfin réponse qu'il attendait, il secoua la tête affirmativement. De sa main droite, il fouilla dans la poche de son jean et en tira un papier:

"Le Japan Royal Palace" dit-il et il donna le papier à Benjamin, c'était un plan d'accès via le métro. Imprimé sur internet, on voyait en haut le logo de l'hôtel et quelques phrases vantant sa qualité.

"Nous..." Il se désigna d'un doigt et ensuite il pointa le jeune homme. " Doit aller là. " Il se retourna d'un coup, marchant vers l'intérieur de la gare. Il faisait de grandes enjambées et il était plutôt dur de le suivre: "Nous fixer les détails dans..." Il fit une pause. "train?" Il regarda Benjamin, espérant ne pas s'être trompé et il repris sa marche.

(J'espère que tu as compris qu'il n'parle pas bien le japonais hein xD, j'essaye de rendre ça comme je peux.)

Il tira un autre papier de son jean, qu'il dépliât de ses grosses mains et étala sur ses genoux, c'était un plan. Il désigna la face droite du bâtiment.

" Moi, là. "

Ensuite, il indiqua un autre point de son index.

" Toi, là, 1er étage. A côté ascenceur, tu faire peur à garde du corps de lui. Lui sortir de la chambre. Tu d'un côté, peux pas passer. Alors il court, seule sortie: incendie. Et moi, "paf". Après, tu arrives. Voiture prendra nous. "

C'était un plan tout ce qu'il y a de plus simple en fait, en espérant que Benjamin ai tout compris au baragouinage de Boris.

A la troisième station, ils descendirent. Ils se retrouvèrent en plein quartier touristique. Il leur fallu ensuite dix minutes pour arriver devant l'hôtel, particulièrement luxueux. Boris, avant de partir, donna à Benjamin un talkie-walkie qu'il sortait de sa veste, en prenant soin de lui montrer l'autre, qu'il garderait avec lui. Il posa une main sur son épaule.

"Madame dit: pas de douceur avec lui... Allez ! Va. Quand je en place, je signale toi. Si problème, tu dis moi. "

Dès qu'il se fut placer près de la sortie de secours de l'hôtel, Boris le fit savoir à Benjamin.

Mais ça n'était pas si simple. La cible avait couru exactement là où ils avaient prévu qu'elle allait se rendre. Mais l'homme n'était pas stupide et dès qu'il vit la grande silhouette de Boris, il changea de direction et s'engouffra dans une cage d'escalier qui se trouvait non loin et qui n'était pas indiqué sur le plan de Boris.

Celui-ci, en voyant arriver Benjamin, hurla quelque chose d'incompréhensible en russe en montrant la porte incendie et partit à la suite de l'homme dans la cage d'escalier.

Dehors, là où Boris voulait que Benjamin aille, il y avait un escalier de secours. Mais l'échelle était rabattue vers le premier étage.

La cible décida de tenter le tout pour le tout.

Après tout, on était dans un hôtel, il devait y avoir des chambres. Il repéra une porte avec un numéro, juste à côté du jeune garçon. Derrière lui, dans l'escalier, il entendait les pas lourds du boeuf blond. Y avait plus de chance du côté du gosse.

Il courut vers lui, comme près à charger, mais au dernier moment, bifurqua vers la droite et s'écrasa, l'épaule gauche la première, contre une porte qui s'ouvrit sous le coup. Un petit choqué, il avança titubant pendant quelques secondes et repris sa course après. Quelqu'un cria dans la chambre tandis qu'il arrivait dans le salon. Il ne regarda même pas qu'il y avait, il était trop pressé par le jeune et le boeuf derrière.

Il repéra une fenêtre, qu'il ouvrit.

Dérrière lui, Boris et Benjamin arrivait. Pris de panique, la cible escalada le rebord de la fenêtre se mettant droit debout.

"N'avancez plus où je saute. Elle n'sera pas ravie de m'voir mort, hein?"

A la grimace que fit le gros blond, il compris qu'il avait touché juste. Elle voulait le voir souffrant, pas mort.

Il oubliait un détail : c'était le premier étage. A moins d'être vraiment très doué en la matière, il ne se ferait rien de plus qu'une entorse. Voire même pas, une égratignure, une déchirure de son pantalon. Ce qui autorisait Benjamin à prendre quelques risques qu'il n'aurait autrement pas pris. D'une voix autoritaire, il dit aux occupants de la chambre, un homme et une femme d'une 25aine d'années, de sortir. Ils n'avaient pas l'air japonais, mais à son air, ils comprenaient parfaitement ce qu'il voulait dire, et se dirigèrent vers la porte en tremblant, sans protester.
D'un signe de la tête à Boris, il lui indiqua ce qu'il devrait faire : pas de témoins, c'était une règle d'or. Il faisait confiance à Boris pour être discret dans ce sens là. Et puis il bloquait la porte, ils ne pouvaient pas sortir sans son accord à lui.
Restait sa cible principale. Benjamin se disait qu'il valait mieux quand même ne pas l'inciter à sauter. Il avança prudemment, lentement, sûrement, marquant chaque pas, vers l'autre, qui se remit à trembler comme une feuille.

-N'avancez pas ou je saute !
-Ne dites pas de bêtises... répondit Benjamin avec un grand sourire. Il ne voulait pas qu'il saute, il ne sauterait pas. Il n'y avait que les désespérés qui sautaient. Il ne sauterait que quand il serait désespéré. Ce sur quoi comptait le jeune homme. Il continua sa lente avancée. Arrivé à deux mètres environ de la fenêtre, il voyait carrément l'autre trembler, et s'arrêta. C'était là qu'il ne devait pas commetre de bavure. Il ne faisait pas attention à ce que faisait Boris, pourtant qu'il fasse ce qu'il avait à faire ensuite était crucial. Il se retourna vers lui, et lui cria d'une voix forte :

-En bas !!

En disant cela il s'était jeté vers la fenêtre, sans bousculer l'autre, qui avait tout naturellement perdu l'équilibre en le voyant foncer. Benjamin sauta, et fort de son élan, arriva en bas plus rapidement que l'autre. Après une réception douce en feuille morte, il se releva sans douleur, malgré la chute de 5 mètres. Pendant qu'il se relevait, l'autre s'était moins bien réceptionné. Il n'avait pas réussi son coup, ayant sauté sous le coup de la peur plus que du désespoir. Comme l'avait prévu Benjamin, il était arrivé sur ses jambes, et à son air, il s'était fait mal. Sans lui laisser un moment de répit, Benjamin l'immobilisa au sol, ne lui laissant aucune possibilité ultérieure d'action, et toujours la menace d'un couteau dans une jambe pour l'handicaper encore plus, ou alors ailleurs, pour mettre à mal sa descendance.
Il espérait que Boris savait ce qu'il avait à faire, et qu'il arriverait rapidement.

Alors, Boris couru.

Il était rapide, plus rapide qu'on pouvait l'imaginer en voyant sa stature et en supposant son poids. Tellement rapide, d'ailleurs, qu'au moment même où Benjamin avait parlé, il s'était élancé. Stupide, ça, il ne l'était pas non plus.

Il ouvrit la porte de sureté en cas d'incendie, là même où il attendait il y a quelques secondes - Paf, retour à la case départ, juste pour voir Benjamin immobilisé la cible. Il aurait peut-être pu arriver plus tôt, mais tordre le cou des deux témoins l'avait ralenti.

Boris avança, juste quelques pas, pour rester près de la cible en cas de retournement de situation, même si ça paraissait peu probable.

Il hocha la tête un instant en regardant le garçon, comme pour lui signifier son contentement. Puis, de sa ceinture, il décrocha un téléphone portable. Il tapota quelques instants et se retrouva ensuite en pleine télécommunication, en russe. Quelque soit la langue qu'il employait, son ton était très doux, loin de la grosse voix avec laquelle il avait parlé à Benjamin. On voyait même sur son visage le respect qu'il avait pour son interlocuteur.

Il raccrocha et glissa le téléphone à sa ceinture, là où il était avant. Il annonça : "10" mais ce fut moins de 5 minutes après, sans qu'aucune personne ne soit passée par la ruelle, qu'une longue berline noire, plus que voyante, se gara tout au bout d'une des issus.

Boris fit signe au garçon de se pousser et il attrapa l'homme par le col, le traînant sans effort par terre. Les jambes qui traînaient et cabotaient, ça devait être affreux. Tant pis. D'un geste de tête, il intima au garçon l'ordre de le suivre.

Ils arrivèrent près de la grosse voiture et Boris se chargea de mettre le colis dans le coffre, après lui avoir attaché les bras et les mains et déposé un bon décimètre de ruban adhésif sur sa bouche. Il claqua le coffre avec violence et revint vers Benjamin avec un sourire.

Il ouvrit la porte arrière et poussa le jeune homme à l'intérieur, refermant dérrière lui. Ensuite, à son tour, il entra dans la voiture, à l'avant côté passager, ce qui représentait pour quelqu'un de sa stature un petit exploit.

Dans la voiture, à côté de Benjamin, une femme dans un impeccable tailleur noir qui lisait un journal japonais, ses lunettes posées à l'extrémité de son nez très droit, l'air concentré. La voiture démarra et, avec un art de la mise en scène poussé à sa plus grande perfection, la très sévère femme blonde posa son journal et tourna son visage vers le jeune passager. Elle devait avoir une trentaine d'année bien tassées, mais elle gardait un certain charme et, surtout, elle intimait le respect.

Elle enleva ensuite ses lunettes qu'elle replia et plaça sur ses genoux, délicatement sur le journal. Ce qui aurait pu paraître un geste doux était ici rempli de menace, c'était un peu dire: vous devriez me craindre. Elle eut un sourire, pas aimable, mais quand même assez réconfortant.

Elle prononça quelques mots envers Boris, sans doute pour le féliciter, peut-être pas, et elle s'adressa ensuite à Benjamin d'en un japonais parfait, malgré un lourd accent.

"Nous allons vous déposer chez votre employeur. Vous transmettrez à cet homme au masque avec qui j'ai parlé mes remerciements, ainsi que ceci."

Elle attrapa quelque chose que le chauffeur lui tendit, une grosse enveloppe de papier kraft qu'elle jetta presque à Benjamin. "N'essayez pas de le subtiliser bien sûr, je le saurai."

Elle arreta de le fixer pour contempler la route, par la fenêtre près d'elle. Elle continuait de parler en japonais ceci dit: "J'ai apprécié ce que vous avez fait, sachez que si vous cherchez un employeur une fois votre formation terminée, vous pourrez toujours me contacter. Quoiqu'il en soit, j'éspère que vous serez d'une compagnie agréable pour Boris quand il commencera sa formation."

Elle ne dit plus aucun mots durant tout le trajet, si le garçon avait parlé, elle avait fait mîne de ne pas entendre.

La voiture s'arrêta juste en face du "dojo" pour ceux qui pouvaient le voir et y entrer. Le chauffeur sortit de la voiture et ouvrit la porte à Benjamin, à qui il tendit une carte de visite où on pouvait lire le nom de la mystérieuse femme "Ivana" et un autre nom, sans doute celui d'un restaurant ou d'un bar. L'homme bredouilla en anglais que c'était suffisant pour être embauché et qu'il avait intérêt à ne pas la perdre.

Il remonta dans la voiture, qui partit tranquillement dans une autre rue. Au passage, quelqu'un de bien entrainé aura sûrement remarqués le coffre qui fut secoué, comme si quelqu'un donnait des coups dessus - mais il était verouillé, après tout.

Quand Benjamin remit le paquet à Kun'tou (l'homme au masque, ça ne pouvait être que lui), le formateur acquiesça, mais ne dit pas un mot, aucunes félicitations pour cette première mission réussie, il indiqua juste la sortie de son regard glacial.

Peut-être qu'au niveau expert, il aurait un "bon travail".