Après avoir traversé quelques rues, il entra dans un petit bar d’apparence assez banale. Oui, sortir d’un bar pour entrer dans un autre, ça pourrait paraître assez étrange, mais cette fois-ci ce n’était pas pour boire un verre d’eau.
Il traversa rapidement la salle principale en saluant de la main quelques habitués. Simple modalité. Il s’empressa de se diriger vers une petite porte située non loin du comptoir. Le barman lui jeta un regard pas très amical du coin de l’œil.
«- T’es en retard ! »
« -Y’avait des bouchons sur les trottoirs… »
Il referma la porte vivement en ignorant les jurons que l’homme lui lançait.
« T’es à la bourre, Kenji ! »
« -Les nouvelles vont vite à ce que je vois. T’es pas mon informateur pour rien… »
L’homme émit un léger rire. Il ne fallait pas croire que tous les tueurs étaient des grands bruns taciturnes et ténébreux sans aucune notion du second degré. Quelque part, ça en est même effrayant, Même Monsieur tout-le-monde pouvait être un redoutable assassin.
Kenji s’assit à la seule table qui trônait dans la pièce. Son interlocuteur ne devait pas être plus vieux que lui, peut-être un peu plus de la vingtaine. Il avait les cheveux courts, blonds décolorés et semblait avoir une attitude assez décontractée. Ce n’était pas des plus discrets, mais c’est justement ce qui le rendait difficilement reconnaissable en temps qu’informateur. Beaucoup le considérait juste comme un type un peu trop voyant, trop pour ne pas vouloir être vu.
L’homme en question glissa une enveloppe sur la table.
« - Bien sûr, tu ne m’as jamais vu, et j’ai encore moins eu ce truc entre les mains un jour. D’ailleurs, je ne veux même pas savoir ce qu’il contient. »
« - Et moi qui pensait être tranquille pendant un moment. Ils peuvent pas s’occuper eux-mêmes de leurs affaires ? »
« - Ils préfèrent certainement que ce soit des crétins dans ton genre qui s’en occupe, c’est moins risqué. Et puis, t’es payé pour ça, avec un peu chance ça te fera même un peu de pub, alors arrête de te plaindre. »
« - C’est trop gentils de leur part… »
Ce dernier commentaire fît lâcher un nouveau petit rie à l’informateur. Il se dirigea vers la sortie de la pièce. Il n’y avait pas de raison que cette entrevue dure plus longtemps. En repassant à côté du comptoir, il esquissa un petit geste de la main à la guise du barman accompagné d’un « salut » qui fût à nouveau accueillit par un juron.
Il ne fît aucun détour ou quoi que ce soit d’autre, il rentra directement chez-lui. Ce n’est qu’une fois arrivé dans l’appartement sinistre dans lequel il habitait qu’il ouvrit l’enveloppe.
Il feuilleta son contenu : Des photos, des informations et un peu d’argent. Rien de bien exceptionnel. Il jeta le tout Dans un coin de la pièce et s’allongea à même le sol dans un soupire à fendre l’âme. C’est presque difficile de le reconnaître, mais pour lui, c’était la routine.