[F.V] Roran, le vagabond

Un sursaut. La jeune fille venait de toucher du pied quelque chose. Quelque chose de … mou. La chose se mit à remuer, et un pan de la couverture glissa, juste assez pour apercevoir le bout d’un visage enfantin. Alors, laissant tomber sa lourde tâche, elle se pencha et le ramassa. Et c’est avec une moue de dégoût qu’elle prit l’enfant et l’emmena auprès des siens.

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Il avait maintenant environ treize ans, et était mince, presque maigre. Il avait dans son regard quelque chose de fou : quelque chose de dangereux. L’on l’avait nommé Yoru No Kuro, « le sans nom ». Sans se soucier de ce que ce nom pourrait influer sur son avenir.
Il avait été élevé par des bohémiens, peuple sans attache et sans lois autre que celle de l’honneur et la fierté. Yoru avait acquis cette fierté, mais avait toujours repoussé les vieilles croyances. Disant qu’elles ne servaient à rien. Qu’elles abrutissaient les gens et entravaient les sens. Restant par là même en retrait des autres, presque tel un paria.
Il était instable, sujet à des changements d’humeur aussi brusques que dérangeants. L’on ne pouvait le garder au camp, et l’on maudissait Meiko, celle qui de nombreuses années auparavant l’avait ramené. Arguant qu’elle avait besoin que quelqu’un remplaça son fils mort accidentellement, mais secrètement voulant s’en servir d’esclave et de faire-valoir.

Elle était morte.
Lui n’était plus qu’un fardeau. Lui et ses paroles envenimées, lui et son apparence si sombre, et démente.
On le chassa.

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Un bruit de pas. Un bruit de briquet qui laisse entrevoir une douce flammèche.
De la fumée qui s’élève dans les airs.

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Yoru, avait changé.
Les années avaient fait de lui un homme, mais rien en lui n’avait su effacer son enfance. Leur traîtrise. Et tout ce qu’il ne connaissait pas en lui. Il était vulnérable, et le cachait par le cynisme, son franc parler et ses yeux d’or.
Son nom lui rapellait son ancienne vie.
Pour l'annuler dans son esprit il avait pris pour pseudonyme : Roran, le vagabond.
Ce changement faisait de lui quelqu'un d'autre. Il n'avait nul besoin du passé. Et de ses souvenirs.

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Ainsi était Roran quand il vivait dans la rue.
Il avait erré des années durant. Survivant d’un enfer sans nom.

Et ce fut ce soir-là que peut-être, je dis bien peut-être son avenir changea.
En bien ? En mal ?
Mais toujours est-il que l'on peut dire sans s'avancer qu'il aurait dû mourir ce soir-là. Ce soir-là, il n'était rien de plus qu'une ombre sur le point de mourir.
Une de plus, dans cette ville.
L'arrivée providentielle d'une personne dont il n'arrive pas à se souvenir des traits fut sa bouée de sauvetage.

Et ce sont les seuls souvenirs qu'il garde de son arrivée au dojo, trou de mémoire ou effacement volontaire ? Peut-être que cet homme le suivait depuis quelques jours déjà ? Peut-être connaissait-il déjà son passé et son avenir ? Peut-être n'était-il qu'un passant là au bon moment ?

Mystère, mais accepté en son sein il y resta et cela fait maintenant deux ans qu'il savait que son protecteur n'était autre qu'un certain Ogata, maître du dojo dans lequel il fut recueillit. Sa vie changea, une fois de plus et d'ombre mourante il devint une ombre combattant pour le dojo.

Un ninja d'Ogata.

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Un brusque mouvement en arrière. Quelqu’un qui cours, et il était là.
Un rictus sur les lèvres et les mains dans les poches.
Il était là.