[CLOS] Dans le bureau

[Message précedent à l'Etage de l'Administration]

C’était une belle pièce, assez grande et parfaitement agencée. En face de la porte, un grand bureau en bois massif, derrière, un fauteuil imposant à l’air strict. Il n’y avait rien sur le bureau, ni papier, ni bibelot, ni photo. De grandes armoires s’étalaient sur les murs, d’où ne dépassaient aucuns papiers, aucuns dossiers. Les seuls objets décoratifs de l’endroit -une naginata accrochée sur un mur, quelques plantes, un présentoir à katana sur un meuble bas…- ne lui donnait ni l'air chaleureux, ni l’air formel. C’était tout simplement froid, comme s’il n’y venait pas souvent.

Kun’tou ne lui laissait pas le temps d’admirer la vue du bureau, ou le paysage par les fenêtres larges, il le poussa du plat de la main contre une chaise, devant le bureau.

« Asseyez-vous. »

Quand il fut assis, Kun’tou, dont la rapidité n’était pas imaginable, sortit un shiki, sorte de sortilège inscrit sur une bandelette de papier, qu’il colla sur le dossier de la chaise. L’inconnu ne vit pas l’écriture sombre briller d’un rouge écarlate, ‘Liens’, et se fondre dans le bois de la chaise.

De longues cordes surgirent du bois et s’enroulèrent autours du garçon. Ses poignets furent bloqués au bras de la chaise, ses jambes entravées collés l’une à l’autre, son torse bloqué à un point presque irrespirable au dossier et un lien se noua autours de son cou, qui semblait vouloir l’asphyxier sans le tuer vraiment.

Kun’tou, maître de son domaine, fit, impérieux, le tour du bureau, rangeant son sabre dans son fourreau qu’il posa ensuite sur la table de travail, pour aller s’assoir à son fauteuil. Il regarda un instant Benjamin, haussant un sourcil et puis, l’homme-au-masque mit une main sur son bureau d’où surgirent un stylo et une feuille, étrange.

Il écrivit alors, peu de temps, sans quitter le garçon du regard. Kun’tou ne baissa pas une fois les yeux sur ce qu’il était en train de faire, comme si les mots qu’il imprimait dans le papier, il les connaissait tant qu’il n’avait plus besoin de voir pour savoir. Ensuite, il attrapa la feuille sur laquelle il souffla. Battant d’une vie fictive donnée par lui, Kun’tou, ancien Adepte de la magie élémentaire, elle s’enfuit en volant, passant entre le sol et la porte, courant loin dans le couloir.

Il enfonça son regard dans celui du garçon, mais il ne savait pas lire dans les pensées.

« Avez-vous une preuve de votre histoire ? »

C’était une situation assez étrange. Mais même si son histoire était vraie, le garçon devrait mourir. Les témoins meurent toujours.

- Au... aucune preuve, dit Benjamin dans un souffle.

Sa respiration se faisait difficile, comprimé comme il était, et ça n'arrangeait en rien ses balbutiements. Disant cela, il commençait toutefois à mesurer l'ampleur de sa situation. Le vieux cliché de ses fréquentations sur internet, et des films à la télé, revenait. Pas de témoins. Les témoins doivent mourir. Il avait lui-même eu l'occasion de participer à des jeux de rôles sur internet, où le mot d'ordre était le même, et s'était retrouvé plus d'une fois du côté des témoins, mais c'était autre chose que d'être du mauvais côté du katana en acier tranchant, et d'être soi-même en chair et en os. C'était autre chose, et il le sentait, à présent qu'il avait été bien ridicule, dans ces situations-là. Toujours, quelque soit la qualité du jeu en lui-même un élément extérieur et invraisemblable l'empêchait de mourir, mais là, il était planté là et doutait que quoi que ce soit puisse arriver dans sa position. C'était déjà un miracle qu'il ne soit pas mort.

- Tout... tout... ce que je puis v... vous donner, c... c'est ma bonne foi. Et p... puisque j'en suis là, je vais dire tout ce... ce... que j'ai tenté de taire.

Il tenta de prendre une inspiration, toussa, et entreprit son récit d'une voix faible et rauque.

- Je me nomme... Benjamin... Myers.... J'ai... J'ai tué mon frère, et je me suis enfui de chez moi... Il marqua une pause. Puis, d'un ton un peu plus confiant : Un peu plus tard... quelques heures à peine... dans un quartier de Kyoto que je ne connaissais pas... j'ai entendu un cri... C'est là... que j'ai vu... sous mes yeux... se faire assassiner un témoin... Puis, moi-même témoin, j'ai esquivé de près des couteaux qui m'ont été lancés... Dans une dernière folie, comme je le pensais, j'ai demandé à apprendre les arts sombres du Ninjutsu... Je me suis approché... puis j'ai reçu un coup... puis je me suis réveillé ici.

Épuisé, il se tut le temps d'essayer de reprendre une respiration normale, et de réflechir à sa situation. Il ajouta alors :

- J'imagine que ce n'est pas crédible, d'autant que je n'ai aucune preuve à l'appui, mais c'est la stricte vérité.

Ce dernier effort l'avait essouflé. Il avait prononcé la phrase sans respirer, et maintenant sa respiration lui devenait vraiment difficile - même s'il avait voulu dire autre chose, il n'aurait pas pu.

Il écouta, attentif tout ce que le garçon pouvait dire. La peur rendait les gens bavards, pensait-il. A juste titre, d’ailleurs. L’histoire en soit, il y avait un problème. C’était une histoire qu’on entendait trop souvent et, combien de fois était-elle réelle ? Comment, dans ce cas, croire en la bonne foi de quelqu’un ? A force de vivre de cette façon, d’exercer cette profession, il ne croyait plus rien. Le voyant s’étouffer, il fit un geste de la main qui rendit les cordes légèrement moins tendues, juste assez pour étendre sa poitrine.

Bon. Il pouvait le torturer pour lui faire avouer le réel motif de sa présence au dojo, s’il y en avait une autre. Mais il était gêné. Le parquet était propre, il n’avait pas vraiment envie de découper des doigts ce matin et, malgré tout, son histoire n’était pas si fantaisiste. On avait déjà vu au dojo des ninjas, même des professeurs ou des grands maîtres, ramener des enfants, des adolescents. Des témoins malléables, qui n’étaient pas trop gênant, qu’on pouvait rallier. Et même le Maître Ogata avait eu cette étrange manie de ramener des coquilles vides, où était morte la vie. Mais Ogata était Ogata, ses choix, il savait les prendre et jamais, jamais, Kun’tou n’aurait remis en cause le jugement du Maître sur une personne. Si le maître ramenait un adolescent, un enfant, et qu’il l’inscrivait au dojo, alors lui, le formateur, aurait confiance en ce choix.

Epineux problème, l’inconnu avait parlé d’un meurtre, d’une mission d’assassinat. Mais le maître ne partait pas en mission pour des choses si simples, le maître n’utilisait pas de couteau, le maître ne tuait jamais en pleine rue. Avec le maître, il n’y avait jamais de bruit, jamais de témoin. Et s’il était surpris, le maître tuait la surprise. C’était les règles du Ninja, les règles qu’ils appliquaient tous. Ou presque.

« Alors, dans ce cas, soyez-précis. Où étiez vous, quelle heure était-il ? A quoi ressemblait votre agresseur ? A quoi ressemblait le mort ? Comment avez-vous tué votre frère ? Pourquoi ? Et, aussi, votre course était elle la fuite du tueur, ou du coupable qui se cache ? »

Il avait envoyé ce mot à Ogata, il espérait qu’il viendrait. Ogata décidait toujours du cas des problèmes d’intrus et de nouveaux élèves.

Bon, à vrai dire, Ogata n'avait pas vraiment envie de sortir de son bureau pour aller porter main forte à son formateur, après tout, il était assez grand et doué et savoir comment réagir en telle situation, en particulier quand la série préférée d'Ogata n'allait pas tarder à commencer et qu'il voulait absoluement savoir ce qu'il allait arriver à l'héroïne... Ha, ça commençait !

"Dans les épisodes précédents d'Un amour de Ninja : "Kana, tu es enceinte." "Mais comment vais-je pouvoir l'avouer à Nara ? Il ne sait même pas que c'est avec moi qu'il a fait l'amour!" "Notre héroïne réussira-t-elle à avouer la vérité à Nara ? Sa soeur, la diabolique Itago trouvera-t-elle un moyen de séparer Nara de celle qu'il aime ?"

Ha les traîtres ! Ils avaient osé passer une redifusion d'un vieil épisode au lieu de continuer la série ! Ça n'allait pas se passer comme ça ! S'ils osaient lui refaire le coup le lendemain il offrait une prime à l'élève qui lui rapporterait la tête du chargé de programation de cette chaîne !
Toujours est-il que ça lui laissait le temps d'aller s'occuper du gravillon dans la chaussure de Kun'Tou... Allez, finalement ce n'était pas comme s'il avait autre chose de mieux à faire...
Il se leva tranquilement de son bureau pour changer de pièce et se diriger vers le bureau assigné au formateur du dojo en trainant un peu des pieds il fallait l'avouer, et entra dans ledit bureau après avoir passé la main sur la porte, à moitié pour en tater le bois et se demander si cette texture n'irait pas bien sur sa propre porte, à moitié pour vérifier si Kun'Tou n'aurait pas laissé un ou deux petits pièges magiques (ou pas) pour dissuader d'éventuels gêneurs.
Une fois tout cela fait, il entra sans prendre la peine de frapper, avec un éclattant sourire, grattifiant les deux hommes de la pièce d'un "Allons allons allons", complètement inutile mais qui faisait toujours bien quand on arrivait dans une situation plus ou moins délicate, comme celle-ci

"Allons allons allons"Bis repetitam placent "Que se passe-t'il donc ici ?"

Il fit le tour de la chaise pour regarder en face Benjamin, son sourire éclatant/niais (barrez la mention inutile) toujours scotché sur ses lèvres

"Allons allons allons" Mais c'est qu'il insiste en plus ! "Qu'est-ce qui vous amène par ici très cher ?"

Enfin, sa seigneurie seigneuriale, qui devait mettre les pieds en-dehors de son bureau une fois tous les trois ans (c’était une estimation honteusement supérieur à la moyenne du temps de présence d’Ogata hors de son bureau (d’après Kun’tou lui-même, toujours)). En fait, Kun’tou avait beaucoup de respect pour son supérieur mais, comment dire, c’était un respect qui ne se développait et n’existait que lorsque le Maître n’était pas là. Il respectait son professionnalisme, sa puissance, sa position et, pour faire simple, la façon qu’il avait eu de réussir dans la vie. Mais il n’aimait pas le voir arrivé, farfelu alors que lui était si sérieux, avec ses grands sourires stupides et sortant des boniments avec sa voix de publicitaire et son visage de vendeur de télémarket.

« Maître » Dit-il, se levant, se baissant un peu et se rasseyant.
Enfin de nouveau sur sa chaise, il désigna le garçon. « Il semblerait que vos tendances à être clément ont fait des émules parmi nos élèves. »

Il était peut-être aller trop loin, en disant ça, après tout. Mais Kun’tou était Kun’tou, imperturbablement froid, fouineur. Quoiqu’il en soit, fouiner était son métier, on allait pas lui reprocher de le faire. Bon, Maître Ogata, lui, était en mesure de le lui reprocher. Il tourna son visage masqué et ses yeux mornes vers l’homme qu’il respectait.

« Ce jeune garçon dit avoir été, hummm, assommé et amené ici après avoir été le meurtrier de son propre frère et le témoin involontaire d’une autre scène de meurtre dans les rues de notre chère ville. Ayant jugé vos lumières plus aptes à déduire quelle personne est la cause de ce fiasco que les miennes, bien que la sentence sera appliqué à sa juste valeur par mes soins, je vous ai aussi mandaté pour prendre une décision quant à la résolution de ce petit... problème… »

Il appuya bien sur ce dernier mot, regardant Benjamin. Et puis, il inspira. De mémoire de ninja, on avait rarement vu parler Le Formateur aussi longtemps sans s’arrêter et d’un ton si peu enthousiasmer.

« Les décisions que je prends étant parfois contestés, j’ai pensé à juste titre que vous-même, Maître, étiez le seul juge. »

[ORDRE DE POST: Ogata -> Kun'tou -> Benjamin -> Ogata etc...

Ogata s'était nonchalement tourné vers le formateur tandis que celui ci lui expliquait la situation, lui-même continuant à sourire de toutes ses dents. Une fois en possession de toutes les informations, son sourire s'élargit de plus belle.

"Allons allons allons, Kun'tou, je vous en prie, ne vous dévalorisez pas, vous savez très bien que vos décisions valent les miennes ! De même, vous savez très bien qu'avec ce genre de petits problèmes, il n'y a pas 36 solutions..."

En l'espace de moins d'une seconde, il se retourna vivement vers Benjamin et se pencha vers lui, des kunais étant apparus dans ses mains maintenant posées sur les accoudoirs du fauteuil, ses yeux soudain glaciaux (glacials ?) et durs comme la plus tranchante des lames plantés dans ceux du jeune homme, son sourire enjoué ayant malsainement viré au sadisme

"... Il faut s'en débarasser..."

Il resta quelques secondes ainsi, sans quitter Benjamin du regard, avant de reprendre son sourire niaiseux habituel et de se redresser.
Il se retourna vers Kun'tou en jouant avec le kunai qu'il avait gardé en main, l'autre ayant disparu de nouveau.

"Je pense savoir à qui nous devons cette visite impromptue, je m'en cccuperai moi-même avec la personne concernée. En attendant, et si nous demandions à nôtre hôte s'il préfère sortir d'ici en volume réduit dans une urne funéraire ou tout simplement rester en notre compagnie et devenir élève ? Bien que je suppose qu'il ait déjà fait son choix. Après tout, on est mieux ici que dans une des prisons du gouvernement non ?"

Il tourna de nouveau sa tête vers Benjamin, son sourire prenant de l'ampleur

-Si toutefois il vous nous avez bien tout dit, n'est-ce pas ?

Durant toute la scène, Kun’tou n’eut aucune réaction, aucun mot. Il se montra si stoïque que l’on pouvait sincèrement se demander si son esprit ne l’avait transporté ailleurs, loin de la réalité, loin de la pièce. Même l’observateur le plus aguerri n’aurait chez lui rien remarqué, ni trace de surprise, ni trace de colère. Il avait les mêmes yeux mornes que dans le couloir, lorsqu’il avait vu le garçon pour la première fois, lorsque le Maître c’était jeté au visage de la victime – ou non.

Mais des tambours battaient déjà dans sa tête tandis qu’il voyait l’action se dérouler, comme un film que l’on passe au ralenti pour en saisir les moindres détails. Et lui, il les avait saisit. Ses yeux n’avaient même pas tressailli mais son cœur avait instantanément déclenché des processus de défense et de mise en branle. Le sang jaillissait plus vite dans ses veines, atteignait rapidement son cerveau. Sa vision se faisait plus acérée, plus fine, prête à capter la moindre goutte de sang. Et ses muscles se contractaient, prêt à réagir à la moindre menace. L’adrénaline se distillait à grand échelle dans son corps, sans suinter par sa peau, et il paraissait mort.

Ogata redevint le maître qu’ils connaissaient tous mais la tension du moment ne disparu pas sous les yeux de Kun’tou aussi subitement qu’elle était venue. Elle planait dans la pièce et il pouvait presque la respirer, comme à chaque fois qu’il y avait un meurtre, à chaque fois qu’il y avait un combat. Ses narines savaient sentir cette chape de plomb si particulière.

Il ouvrit la bouche, elle n’était pas asséchée, sa gorge n’était pas serrée, il n’avait pas de mal à parler. Aux yeux de tous, il n’avait simplement pas sursauté, de trop avoir vécu ce genre de scène. Même son rythme respiratoire était resté le même.

« La décision vous appartient, Maître. »

Ogata sourit de plus belle en entendant la réponse du jeune homme. Prévisible après tout.

"Allons allons allons, l'affaire est donc close ! Ne reste que la petite formalité habituelle et notre très cher hôte sera près à faire "partie de la maison" si je puis dire..."

Il fit un léger geste presque distrait vers les liens qui enserraient Benjamin et ceux-ci s'évanouirent en un instant. Il aida le jeune homme à se relever puis planta une nouvelle fois son regard dans le sien, sans pour autant devenir menaçant cette fois-ci. Simplement bien plus sérieux que l'air stupide qu'il arborait auparavant. Pas bien difficile me direz-vous...

"Pensez-vous avoir le courage nécessaire pour tuer si l'on vous le demande, et ne jamais désobéir a un ordre si injuste soit-il ?"

Allons bon, encore de la paperasse ? Est-ce que le maître se rendait vraiment compte de la surcharge de travail qu’incombait la formation, la surveillance et le matériel d’un nouvel élève ? Bien sur que Kun’tou avait des associés, mais il n’avait pas de secrétaire pour faire à sa place le travail de compilation et gestion des archives. Il regarda mollement toute la scène, l’ayant vu trop de fois pour s’émouvoir un seul instant de la solennité d’un tel moment.

Non, il passa juste la main au-dessus de son bureau et, soudainement, apparurent une feuille et un stylo. Le petit speech du Maître, c’était la partie romancé. Après, il y avait compilation de la moindre information personnelle et ça vérification. Jusqu’à la fin de l’enquête, la personne n’étant pas encore considéré comme un élève vivait dans une attente constante, entre la joie d’être acceptée et le gros problème de la découverte du mensonge, la mort.

Du travail, encore du travail, toujours du travail.

Les yeux du frigidaire, pour la première fois depuis le début de l'entretien, exprimaient quelque chose. Il était las. Benjamin devinait que l'entré d'un nouvel élève devait lui coûter beaucoup d'énergie, mais il ne savait pas où ; il doutait que ce fut la paperasse.
Enfin, il avait à nouveau pu sentir le bonheur de sentir l'haleine de malabar du Maître. Enfin, il s'y était préparé : il avait commencé à respirer avec la bouche dès qu'il s'était approché, pour ne pas avoir une odeur trop puissante, mais enfin... Il se concentra toutefois pour ne rien laisser paraître de son gène, et répondit, d'une voix plus calme :

- J'ai déjà tué quelqu'un qui m'était proche, sans haine ni remords, je tuerai, sans remords, ni haine, ni courage, sans doute, si un supérieur me le demande. Et si c'est dans mes possibilités, ajouta-t'il après une hésitation.

Il marqua une pause, puis reprit.

- J'ai perdu toute notion de justice, en dehors de celle que j'assène. Encore une fois, ça n'est pas une question de courage. J'obéirai à tout ordre que je serai en mesure d'executer.

Pendant les jours qui suivirent l’entretien de nos trois bonhommes, la situation prit un tournant complètement nouveau. Suivant les règles de sécurité qu’il avait en partie inspiré, Kun’tou passa près d’une semaine à fouiller, interroger et classifier toutes les données a propos du garçon. A la fin de ces sept jours, il aurait été capable d’écrire une autobiographie presque détaillé à la minute près tant les informations qu’il avait réuni étaient précises.

Pour Benjamain, la même semaine fut moins rose, pris en charge par une femme d’âge mur et un autre homme plutôt âgé, il passa la semaine en détention dans une chambre minable dont il n’était sortie que pour aller, les yeux bandés, dans le bureau de Kun’tou, ou d’un autre, et subir diverses interrogations et divers tests de niveau. Ogata ne se présenta pas une fois devant lui et il n’eut aucun moyen de le croiser dans les couloirs, en bon directeur qu’il était, ce dernier était retourné devant sa télévision.

Au matin du dernier jour, Kun’tou lui-même ouvrit la porte de la cellule du garçon et le fit venir dans son bureau, en présence des deux autres. Derrière un masque plein cette fois, d’où on ne distinguait même pas ses yeux dans les fentes, le formateur posa encore une fois la même question fatidique au garçon, juste après lui avoir récité le règlement. Quand il eut sa réponse, il se leva d’un bon, attrapa la main de Benjamin et l’appuya sur le bureau avec force. Quelque chose passa alors sur les doigts et la main du garçon, s’enroula autours de son poignet en le brûlant fortement, sans pour autant laisser une trace, et s’évanouit ensuite dans sa peau.

En tant que Ninja officiel du dojo, il fut donné à Benjamin les clés de la cellule dans laquelle il avait passé la semaine, ainsi qu’un uniforme d’hiver, d’été et de mission. Il fut reconduit dans sa chambre pour se changer et autorisé au vagabondage dans l’enceinte du Dojo.

[FIN DE TOPIC]
[CLOS]